Anne-Marie, qu’est ce que c’est pour vous la psychothérapie psychanalytique?

peinture d'une fleur jaune pâle

Il est parfois difficile de s’y retrouver tant il existe des formations différentes au sein même du métier, et le choix de l’orientation du thérapeute peut parfois s’avérer être un casse-tête. Curieuse et vertigineuse métaphore mais non moins pertinente que l’image de ce jeu de combinaisons et de patience pour se plonger dans la pensée psychanalytique.

La psychanalyse n’est pas une méthode à suivre, elle est plutôt un pas de côté qui nous permet d’aborder les événements de la vie autrement. Elle va chercher dans le passé ce que l’on a tenté de nier, de refouler (notamment des traumatismes vécus), tous ces ressentis inconfortables de tristesse, de honte, de culpabilité ou d’ennui dans notre vie. Alors, bien évidemment que nous avons tous des stratégies inconscientes qui nous permettent d’éviter de ressentir les émotions douloureuses, mais l’économie de souffrance à un coût (maladies psychosomatiques, TOC, phobies, addictions, compulsions, échecs à répétition, etc.). Face à cette désorganisation psychique, la psychanalyse se propose dès lors d’écouter, avec la chair des mots, l’histoire singulière du sujet, de souligner et d’honorer sa vulnérabilité sans vaciller.

Généralement, la première consultation permet d’évaluer – dans un cadre bienveillant – la demande, de clarifier une difficulté et de suggérer une première compréhension du vécu douloureux. A la fin de cette première séance, patient.e et thérapeute élaborent ensemble la suite à donner à la psychothérapie.

La psychothérapie se fait généralement en face-à-face (patient.e et thérapeute sont assis dans des fauteuils et peuvent se voir), mais il également possible que le thérapeute propose le divan (le patient est alors allongé sur le divan et le thérapeute est assis derrière lui). Ces différentes possibilités sont discutées ensemble.

La question de la durée d’une psychanalyse est toujours relative. Comprendre son fonctionnement – qui l’on est, nécessite du temps, qui varie selon chaque être humain. Il est d’ailleurs courant d’entendre des patient.es dire  » Ca fait déjà 2 ans ?  » et de s’étonner des éléments de compréhension qui peuvent encore surgir.  Pour d’autres, le constat des effets thérapeutiques de l’analyse se fait très rapidement. Au bout de quelques semaines ou de quelques mois, les personnes remarquent des changements dans leurs attitudes, leurs relations, leurs positionnements.

N’oublions-pas que l’être humain est structurellement ambivalent : une partie de lui veut arrêter de souffrir en même temps que l’autre est terrifiée par le changement. Freud mettait en avant les résistances qui se manifestent tout au long d’une analyse et qui nous font dire que tout changement n’est pas uniquement une question de volonté. Quelque chose échappe à la personne qui souffre et qui lui fait dire « ça bloque », « c’est plus fort que moi ».

Ainsi, la psychothérapie d’orientation psychanalytique est à voir comme une aventure : celle de la rencontre du sujet avec son désir de savoir. C’est une traversée en soi, donc le temps que ça peut prendre importe peu.

Anne-Marie Hoppé, psychologue

Je remercie chaleureusement Anne-Marie Hoppé d’avoir accepté de rédiger cet article. J’espère qu’il vous aura permis de faire connaissance avec la psychothérapie psychanalytique et saura vous guider sur votre chemin.

Bon voyage thérapeutique!